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La collaboration de Tillich à The Protestant (1941-1942)
En 1941 et 1942, à New-York, Tillich a collaboré à un groupe et à revue de gauche. Après quelques indications sur l'entreprise à laquelle il a ainsi participé (1), cet article situera et analysera les propos qu'il tient dans ce cadre sur sa situation personnelle (2), sur la guerre et ses buts (3) et enfin sur la nature et la vocation du protestantisme (4).
1. The Protestant
Pour les deux années 1941 et 1942, la bibliographie de Tillich, que l'on trouve dans le volume 14 des Gesammelte Werke*, indique vingt quatre titres. Onze d'entre eux*, soit environ 45% de ce que publie Tillich durant cette période, paraissent dans une seule et même revue qui prend deux titres successifs : d'abord Protestant Digest, ensuite The Protestant. La modification de l'intitulé ne correspond pas à un changement d'orientation ni d'équipe de rédaction. Les responsables restent les mêmes et la numérotation des volumes se poursuit d'un titre à l'autre marquant ainsi la continuité. Sa publication commence deux ans avant que Tillich n'y signe son premier article. Fondé et animé par un canadien non conformiste, Kenneth Leslie, ce périodique (il paraît tous les deux mois) entend exposer et défendre de positions "avancées" en politique. Il s'adresse à un public non spécialisé, mais assez nettement typé : des protestants progressistes appartenant aux classes moyennes. Il s'appuie sur une association de lecteurs. Il cherche à susciter et à développer un mouvement d'opinion et à lui donner un moyen d'expression. Son audience restera limitée. En 1943, par suite de désaccords dans l'équipe dirigeante, l'entreprise s'arrête. Elle se solde par un échec. Il n'y aura plus ni publication, ni mouvement.
Aux onze articles de Tillich en 41-42, il faut en ajouter un douzième en 1943*, peu avant que la publication ne cesse. Il s'agit donc d'une collaboration régulière et fréquente : dans neuf numéros de suite entre février 1941 et mai 1942, on trouve sa signature (elle se trouve même deux fois en juin-juillet 1941 et en avril-mai 1942). De plus, Tillich fait partie du comité de rédaction, aux côtés entre autres de James Luther Adam*. En 1942, il en préside le conseil exécutif. J'ignore en quoi consistaient exactement ces diverses fonctions; quoi qu'il en soit, à plusieurs reprises, Tillich s'exprime au nom du journal, par exemple il en formule les principes*. Tout cela témoigne d'une participation active, d'un militance, voire d'un leadership de Tillich au sein du groupe qui publie The Protestant, même s'il ne semble pas en avoir fait partie dès le début, puisque sa signature apparaît seulement la troisième année. On peut se demander s'il n'y a pas cherché et peut-être provisoirement trouvé un équivalent des cercles socialistes religieux dont il faisait partie en Allemagne. Tillich mettait beaucoup d'espoir dans l'action de petits groupes d'avant-garde; ainsi, en 1937, il souhaite "un groupe qui se démarque en partie des concrétisations ecclésiales du protestantisme et qui prépare politiquement et spirituellement les structures à venir sous la forme sociologique d'un mouvement fermé, d'une alliance ou d'un ordre"*. Je n'ai aucune information sur les relations entre The Protestant et l'Association des socialistes chrétiens, animée par R. Niebuhr, qui publie également une petite revue* où Tillich écrit occasionnellement*. A-t-il préféré s'investir dans un groupe moins marqué par Niebuhr?* Peut-être.
2. Européen et américain
La situation personnelle de Tillich
En 1941, Tillich vit depuis sept ans à New-York. Il commence à bien connaître les États-Unis qu'il a parcourus (il a fait de grands voyages à travers le continent*, en général pour des conférences). Alors qu'au début, il pensait y faire un séjour assez bref, il songe de moins en moins à un retour et s'installe. Depuis peu, il a été titularisé à Union Seminary, malgré l'opposition de certains conservateurs qui jugent son enseignement trop peu biblique*. Il vient de recevoir un premier doctorat honoris causa d'une Université américaine, celle de Yale*. Bientôt, il achètera une maison. Il apprécie l'hospitalité et la générosité dont il a bénéficié. À l'occasion d'un banquet en son honneur, organisé en février 1942 par des amis de The Protestant, il exprime sa reconnaissance "qu'un réfugié, venu d'un pays ennemi, au moment où se livre un combat à mort avec ce pays-là, puisse se voir honoré par un groupe aussi nombreux et distingué d'américains"*. Les réfugiés, ajoute-t-il, n'ont rien à craindre; l'esprit américain s'opposera à toute injustice à leur égard.
En mars 1940, Tillich devient citoyen américain. Il ne s'agit pas seulement pour lui, semble-t-il, d'un acte d'opportunisme exigé par les circonstances (les États-Unis ne sont d'ailleurs pas encore en guerre avec l'Allemagne). Il donne un sens profond à son changement de nationalité, comme il l'indique dans un article* qui se termine par l'affirmation "je suis un américain ... je veux être un américain". Que signifie à ses yeux cette option pour l'Amérique ?
Échapper au provincialisme européen
Tillich explique que, pour lui, "être américain" signifie d'abord échapper au provincialisme de l'Europe pour entrer dans la perspective universelle qui caractérise les États-Unis. L'Europe n'a jamais su "transcender les frontières nationales", alors que la civilisation américaine naît du franchissement et de l'ouverture de frontières. Cette indication fait penser évidemment à l'autobiographie de 1936, Aux confins, mais aussi aux différences entre Hirsch et Tillich. Pour Hirsch*, les frontières font partie des "ordres de la création" établis par Dieu; on ne doit pas les transgresser. Elles séparent, isolent et enferment, alors que Tillich y voit des lieux de rencontre, de sortie et de dépassement de soi-même. À aucun moment, Tillich ne parle de rupture ou de divorce d'avec ses origines*. Il commence son article en disant "je suis un émigré allemand"*; devenir américain ne signifie donc pas "ne plus être un émigré allemand" ou ne plus être "un réfugié d'un pays ennemi" (comme il le dit en février 1942). En se faisant naturaliser, Tillich n'entend pas abandonner quoi que ce soit de son identité antérieure. Il ne renie nullement sa germanité; il l'élargit et l'enrichit. Il ne se mutile pas d'une partie de sa personnalité; il place ce qu'il a et ce qu'il est dans un cadre plus vaste.
S'ouvrir à l'universel
En devenant américain, Tillich n'entend pas, il le déclare expressément, changer de provincialisme, troquer celui de l'Europe pour celui des États-Unis. On sait qu'il n'a jamais voulu se mêler de la vie politique américaine, d'abord par prudence, par devoir de réserve et de discrétion (et il recommandait aux émigrés d'agir de même), ensuite parce qu'il a le sentiment de ne pas bien comprendre ce qui s'y passait*. Par contre, sur la politique internationale, il s'exprime volontiers, comme le montrent, entre autres, ses articles de 1941 et de 1942 dans The Protestant. Son exil ne le fait pas passer d'un particularisme à un autre, mais il le pousse à dépasser le local pour l'universel. Dans son autobiographie de 1952, à propos de Union Seminary, Tillich écrit : "il est presque impossible d'y rester provincial; la perspective théologique, culturelle et politique largement ouverte sur le monde qu'on y a est l'une des choses pour lesquelles j'éprouve le plus de reconnaissance"*. L'émigration ne représente donc pas seulement un déplacement entre deux installations dans des lieux précis; elle met radicalement fin à la clôture des différents lieux; elle symbolise la transformation révolutionnaire en train de s'opérer dans le monde : celle de "l'interpénétration des divers groupes humains"* qui fait naître la conscience d'une unité de l'humanité*.
Se tourner vers le futur
Tillich voit dans la prédominance au futur une caractéristique de l'esprit américain. La pensée orientale, écrit-il, fait du passé le temps fondamental; la culture européenne privilégie le présent, qu'elle vit intensément, de manière heureuse ou tragique, avec enthousiasme ou désespoir. L'Amérique, elle, se tourne vers l'avenir. Elle représente l'élan vers "le but ultime de l'histoire humaine"*. Marion Pauck note, avec une pointe de malice, que Tillich en répartissant ainsi les temps entre les cultures et les continents opère une simplification excessive*; elle y voit la preuve qu'il commence effectivement à raisonner en américain plus qu'en allemand*. Mais si on met ces propos en relation avec le thème de la puissance du passé et celle de l'attente eschatologique développés dans La décision socialiste, alors ils prennent de la profondeur. On serait tenté en rapprochant ces deux textes d'aller jusqu'à dire que les motifs de Tillich pour devenir américain s'apparentent à ceux qui l'ont conduit à se décider pour le socialisme.
S'engager pratiquement
Pour Tillich, à la différence des européens paralysés par leurs cloisonnements et par leurs dictatures, l'américain se trouve devant une possibilité et une exigence: celle de participer librement à la créativité historique, de contribuer de manière responsable à la formation du monde à venir. Peut-être cette indication traduit-elle un autre changement intervenu dans la vie de Tillich. Il n'agit plus seulement sur le plan intellectuel et universitaire; il met la main à la pâte en s'occupant activement des émigrés et en dirigeant une organisation d'entraide*. Sa femme note qu'il n'est plus, comme autrefois, un "citoyen privé"; il a des responsabilités publiques*. On ne peut plus lui reprocher, comme l'avait fait Hirsch en 1934, de "planer", de rester "spectateur"*. Dans la même ligne, on remarquera que Tillich, qui dans sa période allemande écrit des ouvrages techniques pour un public spécialisé, se met à publier des articles beaucoup plus courts et accessibles dans des revues destinées à un public beaucoup plus large ; The Protestant en est un exemple. En même temps, il enregistre des émissions de radio contre le nazisme, diffusées par La Voix de l'Amérique vers l'Allemagne*. N'est-ce pas, pour lui, une nouvelle manière d'exercer sa responsabilité d'intellectuel que lui offre l'Amérique ou qu’il développe à ce moment là? En tout cas, il fait un effort de vulgarisation de sa pensée fort intéressant, mais pas toujours réussi (la rédaction de The Protestant fait état une fois de plaintes de lecteurs devant l'abstraction d'un de ses textes). Il essaie d'exprimer de manière simple et concrète ses idées.
Les points faibles de l'Amérique
Tillich éprouve aussi des réserves et des critiques vis-à-vis de l'Amérique. Il a l'impression que la vie religieuse y manque de profondeur, qu'elle perd son caractère spécifique, à savoir la conscience de la présence de l'ultime ou du sacré qui donne à la vie humaine sa signification. La religion tend à se réduire à "des exigences morales, des activités humanitaires et des prises de positions politiques"*. Il lui faut redécouvrir les dimensions mystiques de la foi*, sinon elle versera, ce qui est sa tentation, dans un opportunisme à courte vue ou dans un utopisme désastreux*. Mais, ajoute Tillich, l'Amérique en est seulement au stade préliminaire de la tragédie; elle a encore le temps*. D'autre part, Tillich a conscience que les U.S.A. sont menacés d'un côté par un repli égoïste sur eux-mêmes qui leur ferait oublier leur responsabilités mondiales, d'autre part par un idéalisme irresponsable, plein de bonnes intentions mais dont le manque de réalisme risque d'entraîner des catastrophe (il mentionne ici les mouvements pacifistes qui préconisaient le désarmement au moment où Hitler développait sa puissance)*.
3. La situation internationale en 41-42.
Tournons-nous maintenant vers le contexte et la dimension historiques de ces articles.
Où en est la guerre ?
En 1941, les armées allemandes occupent la Norvège, le Danemark, la Pologne, la Tchécoslovaquie, la Yougoslavie, la Grèce, l'Autriche, la Hollande, la Belgique, une partie de la France et elles exercent une forte tutelle sur l'autre partie (dans The Protestant paraissent des articles qui s'en prennent au régime de Vichy). Avec ses alliées, l'Italie et la Hongrie, avec la bienveillante neutralité de l'Espagne, l'Allemagne domine presque toute l'Europe continentale et l'Angleterre se trouve très menacée. Au cours du premier semestre 1941, Hitler atteint l'apogée de sa puissance. Mais il va avoir à affronter deux nouveaux ennemis, et des ennemis de taille : en juin 1941, il attaque l'U.R.S.S., jusqu'ici son alliée; en décembre, les États-Unis entrent dans le conflit. Du côté des anglo-saxons, on parle beaucoup du combat des démocraties contre les dictatures; autrement dit, on estime qu'il ne s'agit pas seulement d'une lutte entre des États ou des pays, mais entre deux idéologies politiques et, plus largement, entre deux conceptions de l'existence. Dans cette perspective, le caractère tyrannique du régime soviétique pose un problème qui aura une incidence directe pour The Protestant : les désaccords qui amènent la dislocation du groupe et la fin du journal portent principalement sur l'attitude à adopter envers l'U.R.S.S.
On situe souvent le tournant de la guerre dans les deux derniers mois de 1942, où les américains débarquent en Afrique du Nord (novembre), et où les russes tiennent les allemands en échec à Stalingrad. Historiquement, on peut en discuter. En tout cas psychologiquement, on a conscience d'un tournant à ce moment-là. La puissance d'Hitler commence à rencontrer des sérieux obstacles et se voit, pour la première fois, mise en échec. Les articles de Tillich dans The Protestant paraissent donc dans une période particulièrement importante; il publie les premiers au moment où Hitler a remporté ses plus grandes victoires et avant l'entrée en guerre des américains, et les derniers au moment même où la guerre bascule. Trois des onze articles, qui datent de juillet-novembre 1941, sont directement une réflexion sur les événements, que Tillich reprend de manière plus synthétique, sous forme de "déclaration de principe", dans un quatrième texte publié en avril-mars 1942.
La portée de la guerre
Dans le premier article*, Tillich souligne la portée de la guerre. Il ne s'agit pas seulement d'éliminer des troubles accidentels provoqués par l'accession au pouvoir de quelques tyrans* et de rendre impossible que surgissent à nouveau des problèmes de ce genre en obtenant ou un imposant un traité de paix bien conçu. De même, on ne peut pas se contenter de parler de la défense de la démocratie contre des agresseurs extérieurs. Beaucoup plus profondément, cette guerre traduit la crise interne de la civilisation occidentale et de la démocratie libérale dont les insuffisances et les manques ont nourri le communisme aussi bien que le fascisme. L'idéologie de la démocratie libérale, qui s'enracine dans les Lumières, repose sur une conviction qui lui est essentielle : celle d'un monde harmonieux* où les intérêts de chacun contribuent au bien-être de tous. Cette conviction ne résiste pas à l'épreuve des faits. La guerre manifeste avec évidence un échec que plusieurs signes annonçaient déjà auparavant. Elle implique donc et entraîne "une transformation radicale de la société"* ou la fin d'un monde : celui de la démocratie libérale, de la bourgeoisie capitaliste, des petites nations séparées d'Europe, et religieusement celui de l'ère protestante. Comme le protestantisme, la démocratie* doit se transformer pour survivre. Nous avons besoin d'être guidés par une nouvelle vision; ni l'analyse ni le calcul ne la fourniront, elle ne peut venir que d'un élan prophétique qui annonce quelque chose de nouveau et de différent. Au fond, sans prononcer le mot, Tillich espère en un nouveau kairos.
Pour une nouvelle organisation du monde.
Le second article* estime que le monde qu'il faut construire doit avoir deux composantes :
- 1. Premièrement, un système international, auquel toutes les nations participent activement et qui protège chacune d'elles contre l'insécurité et l'agression. Le développement technique a fait du monde un espace unifié* et a créé une forte interdépendance entre tous les territoires et tous les groupes humains; aucun ne peut plus rester à l'écart. Il faut en tirer les conséquences et mettre fin aux souverainetés nationales*, directement responsables des conflits européens. Il ne suffit pas de les équilibrer comme a essayé en vain de le faire la S.D.N.*; on a besoin à l'échelle mondiale d'un pouvoir ou d'un gouvernement fédéral*. Le premier pas dans cette direction devrait être la constitution d'États-Unis d'Europe, analogues à ceux d'Amérique. La situation exige que, au lieu des haines nationalistes artificiellement entretenues par les groupes dirigeants, se développe le sentiment de solidarité entre tous les hommes; de fait beaucoup l'expérimentent quand ils rencontrent des étrangers.
- 2. Deuxième composante : une organisation sociale et économique à laquelle tous les individus participent activement, et qui protège chacun contre l'insécurité et l'exploitation. Le "laissez faire" du libéralisme économique, conséquence de la croyance en l'harmonie, doit céder la place à une planification. Il ne s'agit pas de limiter la liberté créatrice des individus ni de mettre en place "un collectivisme totalitaire"*, comme dans le nazisme ou le communisme stalinien, mais au contraire de la garantir en écartant ce qui, dans un "laissez faire" total, l'entrave, la menace et la détruit. Si on ne contrôle pas les puissances économiques, en particulier "les monopoles dans l'intérêt de groupes économiques puissants", si on ne répartit pas les ressources au profit de tous*, on débouchera sur l'affrontement entre forces révolutionnaires et contre-révolutionnaires.
Tillich préconise donc un nouvel ordre international et social. Il s'oppose à l'idée d'un rétablissement statu quo ante*. Il souligne également que la guerre doit préserver les possibilités d'une reconstruction et donc éviter la destruction totale de l'Europe*.
Les forces en présence.
Dans un troisième article*, Tillich s'interroge sur les chances pour que ses propositions aboutissent. Il remarque qu'il faut convaincre aussi bien les vainqueurs que les vaincus et que de chaque côté elles rencontreront de fortes résistances.
À l'idée d'une fédération européenne, premier pas et étape incontournable avant d'envisager un gouvernement mondial, s'opposent non seulement les nationalismes renforcés par la résistance au nazisme, mais aussi les gouvernements en exil qui se battent pour reconquérir la souveraineté de leur pays (pensons à la "France Libre" de de Gaulle) et non pour l'abandonner. D'autre part, la Grande-Bretagne risque de se montrer très réticente, à cause de son Empire et également parce que la tente une alliance anglo-saxonne qui l'amarre aux États-Unis plutôt qu'à l'Europe.
La construction d'un nouvel ordre social peut s'appuyer sur des éléments favorables : la volonté affichée du Président Roosevelt d'une sorte de New Deal à l'échelle mondiale; la participation à la lutte contre le nazisme de forces de gauches dont on devra tenir compte après la guerre; le rapprochement entre la Grande Bretagne et la Russie dont on peut espérer que, d'un côté, il modère un anti-communisme primaire et que, de l'autre, il amène le régime soviétique à se libéraliser. Cependant, en Europe comme en Amérique, les forces de droite, les puissances du militarisme et du capitalisme, engagées elles aussi contre Hitler, tirent dans l'autre sens. Tillich semble beaucoup craindre que l'Amérique après la victoire se désintéresse du reste du monde, et qu'après avoir participé à la guerre, elle ne s'engage pas dans le travail de construction qui sera nécessaire; il faut qu'elle mesure, écrit-il, le poids de ses responsabilités, et qu'elle les assume jusqu'au bout*.
On peut bien sûr, avec le recul du temps, déceler des faiblesses dans cette analyse et relever les quelques points sur lesquels les faits l'ont démentie*. Il n'en demeure pas moins que dans ses grandes lignes, elle paraît très perspicace, et qu'elle est restée en partie actuelle*.
4. Nature et vocation du protestantisme
The Protestant et le protestantisme
Appeler un journal The Protestant veut évidemment indiquer quelque chose. Dans un de ses articles Tillich explique que ce titre exprime un défi et une question. Il entend rappeler à tous, y compris à ceux qui s'en réclament, que le protestantisme existe et il s'interroge sur son avenir : dans le monde de demain sera-t-il encore une réalité vivante et puissante ? La réponse à cette question doit se chercher dans deux directions : d'abord, elle nécessite qu'on revienne aux principes originels et essentiels du protestantisme, en les distinguant de ceux du catholicisme et de l'humanisme; elle demande ensuite qu’on se demande comment les actualiser. Ces deux directions se mêlent, bien entendu, dans les textes de Tillich, même si l'une prédomine dans certains (comme par exemple celui sur "L'œuvre étrange de l'amour"*, où Tillich explique la visée et les limites de la doctrine des deux règnes chez Luther).
Dans la série d'articles que nous examinons, quatre portent plus précisément sur le protestantisme*.
1. D'abord, le tout premier et le plus connu de ceux que Tillich publie dans ce journal, a pour titre "La signification permanente de l'Église catholique pour le protestantisme" (Protestant Digest, février-mars 1941).
2 Ensuite, le texte d'une allocution prononcée par Tillich à un banquet donné à son honneur par les amis de The Protestant (The Protestant, février-mars 1942).
3. Le troisième article, d'un genre très différent, se présente comme un manifeste ou une déclaration de principe (The Protestant, avril-mai 1942). Sous forme de thèses, il entend présenter les positions et orientations du journal à partir d'une interprétation de ce qu'est fondamentalement le protestantisme*. Le rédacteur semble éprouver de la réticence devant ce texte. Il indique, dans un "chapeau" qu'il ne faut pas en faire un credo, mais qu'on doit y voir un ensemble de propositions ouvertes à la discussion, soumises à la critique, destinées à évoluer. La gêne de Kenneth Leslie vient-elle de sa crainte des réactions à l'intérieur de son groupe, où les désaccords qui en amèneront la fin ont déjà commencé à se manifester ? Ou bien, estime-t-il ce texte inadapté pour son public. Ou bien encore, traduit-il la réticence des protestants libéraux devant toute formulation qui risque de les enfermer? Aucune indication ne permet de trancher entre ces diverses hypothèses. En tout cas, mais il n'y a peut-être aucun rapport, pour la première fois depuis dix-huit mois, le numéro suivant de The Protestant ne contient pas d'article de Tillich.
3. Enfin, dans The Protestant d’août-septembre 1942, pour répondre à plusieurs lecteurs déconcertés par ce manifeste qu'ils jugent trop abstrait, Tillich écrit un commentaire de sa première parties dont on peut supposer que ceux qui en ont pris connaissance ont dû le trouver encore plus abstrait et difficile que le manifeste. Tillich annonce qu'il traitera ultérieurement des autres parties, mais peu après le journal disparaît et la suite annoncée ne viendra jamais.
Définition du protestantisme
Tillich donne une définition, qui revient à plusieurs reprises, du protestantisme. Cette définition a deux aspects, l'un négatif, l'autre positif.
Négativement, le protestantisme consiste en une protestation contre tout ce qui revendique un statut divin, contre tout ce qui se prétend au-delà de l'erreur, de la culpabilité ou de la tragédie.
Positivement, le protestantisme est foi dans la promesse et la grâce divines agissantes dans la vie de chacun et dans l'histoire.
Cette définition souligne les deux pôles qui constituent le protestantisme : celui de la transcendance qui implique l'altérité de Dieu par rapport à tout ce qui existe dans le monde et celui de l'immanence qui implique sa présence dans toute réalité*. Ces deux pôles caractérisent toute religion, ils se trouvent au cœur du christianisme; à cet égard, le protestantisme apparaît comme l'exemple ou l'incarnation typique de la religion et du christianisme*, et pas seulement comme une forme particulière de religion ou de christianisme. Quand Tillich parle de la fin de l'ère protestante, il ne pense nullement que va disparaître cette tension bipolaire entre transcendance et immanence qui lui paraît essentielle et inévitable, mais il se demande si elle va continuer à vivre et à s'incarner dans l'ensemble des institutions spécifiques qui ont constitué et qu'a constituées historiquement le protestantisme*. Autrement dit, il envisage la fin d'une forme particulière de concrétisation du protestantisme.
Protestantisme et catholicisme
Tillich souligne qu'il y a tension et complémentarité entre le principe protestant et la substance catholique* (mais il n'emploie pas l'expression "substance catholique" qui n'apparaît qu'en 1950 sous sa plume*). En effet, sans les éléments sacramentels et sacerdotaux privilégiés par le catholicisme, le protestantisme risque de se vider de toute substance religieuse, de devenir un sécularisme dépourvu de sens, "de dissoudre ce message [le message chrétien] dans un ensemble d'expériences religieuses, d'exigences morales et de doctrines philosophiques"*. Il y a donc là un premier élément de réponse à la question et au défi que représente le titre The Protestant : le protestantisme subsistera si au lieu d'éliminer en son sein les éléments de type catholique, il les intègre. Il a fondamentalement besoin du catholicisme. Inversement, pour Tillich, l'idolâtrie menace le catholicisme parce qu'il lie "le message chrétien à la vie et aux prescriptions d'une Église historique particulière"*, parce qu'il repose sur "l'affirmation erronée ... de sa propre suffisance", parce qu'il se présente comme "l'incarnation du sacré présent" (et non plus à venir), parce qu'il se fait "le champion" d'une "prétention absolue"*. Le catholicisme a spirituellement besoin que vienne le corriger la protestation prophétique et eschatologique qui constitue le "principe protestant"*.
Les Églises
Tillich se montre d'une grande sévérité envers les Églises catholiques comme protestantes. Il a le sentiment que les unes et les autres ont trahi le christianisme en ne maintenant pas la polarité entre l'élément sacerdotal et l'élément prophétique et qu'elles ont abandonné aussi les êtres humains au lieu de les aider*. Dans ces articles, les mots "Église" et "ecclésiastique" ont le plus souvent une connotation négative; on les associe presque toujours à un manque, à un danger ou à une perversion. Pourtant Tillich ne désespère pas d'elles puisqu'il leur propose trois objectifs à atteindre :
- D'abord, elles doivent prendre conscience que le "jugement de Dieu ... s'adresse à elles", que "la religion pour traiter de Dieu doit toujours se nier au nom du Dieu même qu'elle proclame"*. Elles ont donc à redécouvrir et réactiver "le principe protestant", oublié par les Églises protestantes elles-mêmes* qui n'ont pas su se protéger contre "l'assurance catholique, la superstition et l'orgueil, contre la prétention absolue de posséder le divin"*, donc contre ce qui contredit leur nature même. Le protestantisme n'est vrai et vivant que s'il se livre à une constante autocritique. Seule, cette capacité de se mettre en cause, de se contester lui-même rend indestructible sa vie spirituelle*; en effet, en l'affranchissant de "ses incarnations passées", elle le libère "pour toute actualisation future"*. Il y a là un deuxième élément de réponse à la question de la pertinence et de l'avenir du protestantisme : il doit intégrer des éléments catholiques sans abandonner ni émousser le principe protestant.
- Ensuite, les Églises doivent retrouver le "fondement transcendantal et immuable de leur tradition", autrement dit remettre en valeur la substance catholique, masquée par les Églises catholiques elles-mêmes*. Si elle n'est pas équilibrée par "une réalité ecclésiale concrète", celle que crée ou qu’apporte le message chrétien, l'autocritique nécessaire risque de dissoudre la religion, de déboucher sur "un vide total", sur "l'élimination de tout contenu concret"*. Le christianisme dégénère alors en un humanisme vaguement idéaliste sans contenu spirituel véritable et incapable de donner sens à l'existence.
- Enfin, il leur faut "exprimer leur spiritualité par des symboles ... tels que les hommes de notre temps ... les acceptent comme la réponse à la recherche de leur vie"*. Ce qui suppose une alliance de la religion avec la culture, qui respecte leur autonomie respective, mais les mette en relation. Tillich plaide pour une culture qui soit substantiellement religieuse sans pour cela dépendre formellement des Églises*. L'avenir de la démocratie, l'impossibilité d'aberrations comme le nazisme en dépendent*. Dans cette perspective, Tillich s'interroge sur ce que doit être une véritable éducation religieuse : non pas un enseignement sur les religions, mais une "interprétation ultime ... de la vie"*.
L'ampleur du programme ainsi défini indique bien la gravité des carences dont souffrent les institutions ecclésiastiques pour Tillich. Qu'elles soient catholiques ou protestantes, les unes tout autant que les autres, ont perdu à la fois la substance catholique, le principe protestant et la capacité d'exprimer un sens. Il leur faut retrouver leur message, la bipolarité de l'altérité et de la présence divines, et découvrir comment le rendre vivant et opérant. Elles tomberont dans l'utopie et échoueront si, pour accomplir cette tâche, elles se contentent de se poser la question : "que nous faut-il faire ?" Par contre, elles susciteront une véritable espérance et réussiront si elles se demandent : "qu'avons-nous à recevoir ?"*. Tillich reste profondément un théologien de la grâce.
L'œcuménisme.
Tout autant que de son provincialisme culturel, l'exil fait sortir Tillich de son provincialisme spirituel, celui du luthéranisme allemand. De plus en plus, sa pensée tient compte du courant réformé et du catholicisme qu'il apprend à mieux connaître et à voir autrement.
Il entre également en contact avec le mouvement œcuménique. Il participe à la préparation de la conférence d'Oxford en 1937* et il y assiste en 1938. Dans un de ses articles de 1942*, pour définir le troisième élément du programme qu'il propose aux Églises, Tillich utilise les deux expressions "Foi et constitution" "Vie et action" qui désignent les deux composantes principales du Conseil Œcuménique alors en voie de formation. Le mouvement œcuménique (qui ne regroupe alors que des protestants et des anglicans, mais dont on espère qu’il s’élargira vite à l'orthodoxie et au catholicisme) représente visiblement pour lui un espoir. Les protestants y découvrent l'importance de la substance catholique et on peut penser qu'il fera prendre conscience aux catholiques de la nécessité du principe protestant*. De même que, dans un autre domaine, la fédération européenne, il y voit une étape vers un monde uni. En 1947, il n'a pas été invité à l'Assemblée d'Amsterdam et en a conçu du dépit (il estimait avoir été écarté par le secrétaire général, le barthien Visser't Hooft hostile à ses orientations théologiques*)
Ouverture.
Tillich lance un appel aux personnalités catholiques, juives et séculières qui reconnaîtraient la valeur des principes ainsi formulés et qui accepteraient de collaborer à leur mise en œuvre. Il veut donc transcender aussi les frontières ecclésiastiques, et il y a chez lui, même s'il le développe peu, un réel souci d'ouverture*.
Conclusion
Les textes de Tillich publiés dans The Protestant présentent deux caractéristiques générales :
D'abord, le thème du futur, relié évidemment à l'eschatologie, y a beaucoup d'importance : il imprègne la conception qu'a Tillich du kairos, du socialisme, du nouvel ordre du monde, du christianisme, du protestantisme. Il contribue à donner de la cohérence, de l'élan et une orientation très nette aux propos de Tillich. Il ne nourrit pas la nostalgie d'un monde perdu, celui de l'Allemagne ou de l’Europe d'avant guerre, mais il se préoccupe du monde en train de naître dans les douleurs de la guerre, semblables à celles d'un accouchement difficile*.
Ensuite, Tillich a constamment le souci d'articuler l'horizontal et le vertical, le temporel et le spirituel. D'un côté, il veut maintenir ce qu'il appelle "le sanctuaire religieux", cette dimension de la transcendance qui nous rend capable de dire "en dépit de", et de prendre du recul devant la situation du monde. De l'autre côté, il entend souligner ce qu'il appelle "l'obligation religieuse", la dimension de l'incarnation qui conduit à s'engager dans le monde et ses situations, tout en ayant conscience du caractère ambigu et contestable de toutes les prises de position concrète. Une action horizontale dans le monde s'épuise si elle ne s'appuie pas sur une relation verticale avec Dieu. Une spiritualité verticale qui se préoccupe seulement de la relation avec Dieu et oublie l'action horizontale dans le monde est fausse et insensée*. La foi en faisant naître et en grandir en nous l'espérance devrait aider les chrétiens à se préserver de deux déviations : d'abord, celle de l'opportunisme, voire du cynisme, qui va dans le sens de la facilité, du moindre effort et à cause de cela passe à côté des tâches que la situation historique requiert; ensuite, celle de l'utopisme idéaliste, qui néglige ou nie les réalités et qui rêve au lieu d'agir.
En reprenant un thème d'A. Schweitzer*, on pourrait dire que pour Tillich, la religion authentique conjoint indissociablement mystique et éthique, prière et politique, méditation et action, espérance et réalisme; ou, dans le langage de W. Monod, que Tillich préconise un christianisme qui soit à la fois spirituel et social*.
André Gounelle
Études Théologiques et Religieuses, 1994/2
(les références en notes ont été actualisées)
Notes :
* R. Albrecht et W.Schüssler, Schlüssel zum Werk von Paul Tillich. Textgeschichte, Bibliographie, Register, t. 14 des Gesammelte Werke, Walter de Gruyter, 1990. Ce volume est cité dans les notes sous le sigle GW.
* en 1941: GW n° 146 (162), 148 (164), 150 (166), 151 (167), 152 (168), 153 (169); en 1942: GW n° 155 (171), 156 (172), 157 (173), 158 (174), 159 (175), 164 (180).
* Je ne sais rien des quatre autres personnes mentionnées.
* "Tillich Challenges Protestantism", The Protestant, février-mars 1942, p. 2-3; "A Basic Policy for The Protestant", The Protestant, avril-mai 1942.
* "The End of Protestant Era", The Student World, 1937, n°1, p. 5-7. Cf. "Protestantism in the Present World Situation" (1937), publié dans The Protestant Era sous le titre "The End of the Protestant Era ?", Phoenix Books, édition abrégée, p. 232-233; "Spiritual Problems of Postward Reconstruction" (1942) in Theology of Peace, (R.Stone, ed.), Westminster/John Knok Press, 1990, p. 69-71. Voir Wilhem et Marion Pauck, Paul Tillich. His Life and Thought, Harper and Row, 1976, vol.1, Life, p. 191.
* intitulée d'abord Radical Religion et ensuite à partir de 1940, Christianity and Society (voir W. et M. Pauck, Paul Tillich. His Life and Thought, vol.1, Life, p. 311, note 62).
* GW n°117 (123), 122 (128), 124 (131), 141 (153), 157 (173), 173 (189), 215 (240), entre 1935 et 1950.
* Un propos de L. Gilkey peut laisser supposer une secrète rivalité entre Niebuhr et Tillich, en dépit de leur amitié et de leur admiration mutuelles (Gilkey on Tillich, Crossroad, 1990, p. 201-204).
* W. et M. Pauck, Paul Tillich. His Life and Thought. vol.1, Life, p.180-182; H.Tillich, From Time to Time, Stein and Day (paperback edition), p.187. Cf. le début de l'article "Why war Aims ?", Protestant Digest, juin-juillet 1941, p. 33.
* W.et M. Pauck, Paul Tillich. His Life and Thought, vol.1, Life, p. 177.
* "Tillich Challenges Protestantism", The Protestant, février-mars 1942, p. 1 (traduction française dans P. Tillich, Substance catholique et principe protestant, Cerf, Labor et fides, P.U.L., p. 189).
* "I am an American", Protestant Digest, juin-juillet 1941; l'article paraît donc plus d'un an après qu'il soit devenu citoyen des États-Unis.
* E. Hirsch, camarade d'études de Tillich, pieux et savant théologien dont les études sur Luther et sur Kierkegaard font date, adhéra au régime national-socialiste et il en fut partisan jusqu'au bout. Voir A.Gounelle, "Pour ou contre Hitler. Le débat entre Hirsch et Tillich en 1934" dans André Gounelle et Bernard Reymond En chemin avec Paul Tillich, Lit, 2004.
* Cf. ses propos dans"Autobiographical Reflections" in C.W.Kegley et R.W.Bretall (ed.), The Theology of Paul Tillich, Macmillan, 1952, p. 19, où il dit appartenir aussi bien à son ancien qu'à son nouveau monde (traduction dans P. Tillich, Documents biographiques, p. 81).
* Affirmation qu'il répète dans "Why war Aims ?", Protestant Digest, juin-juillet 1941, p. 33 et dans "Storms of our Times" (1942-1943), cité d'après l'édition complète de The Protestant Era, The University of Chicago Press, 1948, p. 237.
* W. et M. Pauck, Paul Tillich. His Life and Thought, vol.1, Life, p. 196, 199-200, 315 note 3. En 1952, dans "Autobiographical Reflections" in C.W.Kegley et R.W.Bretall (ed.), The Theology of Paul Tillich, p. 19, Tillich dit que son intérêt pour la politique est resté vivant en Amérique et s'est traduit par des engagements concrets, mais, ajoute-t-il, "I lost the inspiration for and the contact with active politics" (traduction dans P. Tillich, Documents biographiques, p. 81).
* "Autobiographical Reflections" in C.W.Kegley et R.W.Bretall (ed.), The Theology of Paul Tillich, p. 17 (traduction dans P. Tillich, Documents biographiques, p. 78)
* "Tillich Challenges Protestantism", The Protestant , février-mars 1942, p. 1 (traduction française dans Substance catholique et principe protestant, p. 189).
* "War Aims II. What War Aims ?", Protestant Digest, août-septembre 1941, p. 14-15.
* Cf. sa remarque dans "Autobiographical Reflections" in C.W.Kegley et R.W.Bretall (ed.) The Theology of Paul Tillich, p. 20 sur "le courage américain d'aller de l'avant ... d'être ouvert à l'avenir" (traduction dans P. Tillich, Documents biographiques, p. 82).
* Tillich le note lui-même, "I am an American", Protestant Digest, juin-juillet 1941, p. 25.
* W. et M. Pauck, Paul Tillich. His Life and Thought , vol.1, Life, p. 201.
* H. Tillich, From Time to Time, p. 181-182.
* E. Hirsch, Liberté chrétienne et engagement politique, p.177, 193, 196, 291, 209, cité d'après une traduction inédite de N.Grondin, pages de l'édition de ce texte dans Paul Tillich, Briefweschel und Streitschriften, Evangelischer Verlagswerk, 1983, vol.6 de suppléments à P. Tillich, Gesammelte Werke).
* Certains textes lus à la radio ont été publiés dans Against the Third Reich. Paul Tillich’s Wartime Radio Broadcasts into Nazi Germany, John Knox Press, 1998. Cf. Wilhem et Marion Pauck, Paul Tillich. His Life and Thought, vol.1, Life, p.198-199.
* "The Word of Religion to the People of This Time", The Protestant,avril-mai 1942, The Protestant Era (édition abrégée), p.188, 189; la traduction de cet article dans P. Tillich, La dimension oubliée, Desclée de Brouwer, 1969, est faite à partir d'une version allemande postérieure qui modifie en partie le texte anglais originel.
* "The Permanent Signifiance of the Catholic Church for Protestantism", Protestant Digest, février-mars 1941, p. 29-30. (traduction dans P. Tillich, Substance catholique et principe protestant, p. 175-176.)
* "The Word of Religion to the People of This Time", The Protestant,avril-mai 1942 ; The Protestant Era, p. 189.
* Ibid. p. 188. Dans "Protestantism in the Present World Situation" (1937), publié dans The Protestant Era (édition abrégée), sous le titre "The End of the Protestant Era ?", p. 223, Tillich écrit que la désintégration, qui a touché l'Europe, est pour l'Amérique "plus une menace qu'une réalité existante". En fait, il semble que ce soit la guerre du Viet-Nam qui ait le plus contribué à faire naître une conscience tragique dans l'intelligentsia américaine.
* "The Word of Religion to the People of This Time", The Protestant,avril-mai 1942 , repris dans The Protestant Era, p. 189-190.
* "Why war Aims ?", Protestant Digest, juin-juillet 1941.
* Cf. "The Word of Religion to the People of This Time", The Protestant,avril-mai 1942 (The Protestant Era, p. 189). Même affirmation dans "Our Disintegrating Word" (1941), MainWorks Hauptwerke, Walter de Gruyter, v. 2, 1990, p. 157; "Spiritual Problems of Postward Reconstruction" (1942) in Theology of Peace, p. 62; "Storms of our Times" (1942-1943), The Protestant Era (édition complète), p. 238; "Christian Basis of a Just and Durable Peace" (1943) in Theology of Peace, p. 73.
* Cf. "Our Disintegrating Word" (1941), MainWorks Hauptwerke, v. 2, p. 158; "Storms of our Times" (1942-1943), The Protestant Era, (édition complète), p. 243. "Christian Basis of a Just and Durable Peace" (1943), Theology of Peace, p. 79.
* "A Basic Policy for The Protestant", The Protestant, avril-mai 1942, p. 17.
* "War Aims II. What War Aims ?", Protestant Digest, août-septembre 1941.
* Voir aussi "The Word of Religion to the People of This Time", The Protestant, avril-mai 1942 (The Protestant Era, p.189); cf. "Our Disintegrating Word" (1941), MainWorks Hauptwerke, v.2, p. 158; "Storms of our Times" (1942-1943) in The Protestant Era, (édition complète), p. 239.
* voir aussi "A Basic Policy for The Protestant", The Protestant, avril-mai 1942, p. 18; cf. "Our Disintegrating Word" (1941), MainWorks Hauptwerke, v.2, p.164; "Christian Basis of a Just and Durable Peace" (1943), Theology of Peace, p. 83-85.
* Cf. "Our Disintegrating Word" (1941), MainWorks Hauptwerke, v.2, p. 161;"Storms of our Times" (1942-1943), The Protestant Era, (édition complète), p. 239; Aux confins (1936), p. 122.
* Dans "A Basic Policy for The Protestant", The Protestant, avril-mai 1942, p. 18, Tillich, peut-être par prudence et par souci de ne pas créer des divisions dans l'équipe de The Protestant, parle "d'un ordre international" et n'évoque pas un gouvernement fédéral mondial. Dans "Storms of our Times" (1942-1943) in The Protestant Era, (édition complète), p. 251, Tillich parle "d'une fédération de fédérations de nations sans souveraineté politique et militaire des nations membres".
*"A Basic Policy for The Protestant", The Protestant, avril-mai 1942, p. 18.
* Cf. "Our Disintegrating Word" (1941), MainWorks Hauptwerke, v.2, p.157, 163.
* "The Word of Religion to the People of This Time" The Protestant,avril-mai 1942 (The Protestant Era , p.189); cf. "Our Disintegrating Word" (1941), MainWorks Hauptwerke, v.2, p.164.
* "Wars Aims III. Whose War Aims ?", The Protestant, octobre-novembre 1941.
* "The Word of Religion to the People of This Time" The Protestan , avril-mai 1942 (The Protestant Era, p.189).
* Tillich ne semble pas, par exemple, avoir vu ou prévu la rancœur et la haine des populations occupées contre les allemands, qui a beaucoup freiné la construction européenne après la guerre. De même, le communisme soviétique ne s'assouplit pas dans l'après-guerre et la peur qu'il inspire augmente plus qu'elle ne diminue. Mais comment Tillich à ce moment-là et à partir des éléments d'information dont il disposait aurait-il pu le deviner ?
* Je pense, en particulier, à ce qui concerne la construction européenne.
* The Protestant, décembre 1941-janvier 1942 (traduction française dans Substance catholique et Principe protestant).
* Ces articles ont été publiés en traduction française dans Substance catholique et Principe protestant.
* Dans ce texte, il importe de distinguer les thèses de la première section qui ont toutes pour sujet "Protestantism", ce qui leur confère une validité générale, de celles des seconde et troisième sections qui ont pour sujet "The Protestant", par quoi, comme le montre sans équivoque possible la typographie de l'original, il faut entendre le journal et le mouvement dont il se veut l'organe.
* "Tillich challenges the Protestantism", The Protestant, février-mars 1942, p.3 ; "A Basic Policy for The Protestant", The Protestant, avril-mai 1942, p. 17. Cf. "Protestantism in the Present World Situation" (1937) publié dans The Protestant Era sous le titre "The End of the Protestant Era ?", p. 226."Christian Basis of a Just and Durable Peace" (1943) in Theology of Peace, p. 74-75.
* "Our Protestant Principles", The Protestant, août-septembre 1942, p. 8-9.
* "Tillich challenges the Protestantism", The Protestant, février-mars 1942, p.4. Cf. "Protestantism in the Present World Situation" (1937), publié dans The Protestant Era sous le titre "The End of the Protestant Era ?", p. 222, 229.
* "The Permanent Signifiance of the Catholic Church for Protestantism", Protestant Digest, février-mars 1941.
* voir Andreas Rossler, "Paul Tillichs Programm einer evangelischen Katholozität", Oekumenische Rundschau, octobre 1986, p. 418.
* "A Basic Policy for The Protestant", The Protestant, avril-mai 1942, p.17. "The Permanent Signifiance of the Catholic Church for Protestantism", Protestant Digest, février-mars 1941, p. 25.
* "A Basic Policy for The Protestant", The Protestant, avril-mai 1942, p. 17.
* "Our Protestant Principles", The Protestant, août-septembre 1942, p. 8; "The Permanent Signifiance of the Catholic Church for Protestantism", Protestant Digest, février-mars 1941, p. 24.
* Dans un chapitre de A. Gounelle et B. Reymond, En chemin avec Tillich, intitulé "Catholicisme et protestantisme", je souligne l'originalité de la pensée de Tillich sur ce point.
* "The Permanent Signifiance of the Catholic Church for Protestantism", Protestant Digest, février-mars 1941, p. 28-29; "A Basic Policy for The Protestant", The Protestant, avril-mai 1942, p. 19. 'The Word of Religion to the People of This Time" The Protestant,avril-mai 1942 (The Protestant Era, p.185); voir également le dernier article publié Tillich dans The Protestant, "Flight to Atheism", qui sera repris dans le recueil The Shaking of the Foundations, Charles Scribner's Sons, 1948, sous le titre "The Escape from God", p. 49. Le jugement sur les Églises est plus positif, moins sévère dans "Spiritual Problems of Postward Reconstruction" (1942) in Theology of Peace, p.69.
* "Our Protestant Principles", The Protestant, août-septembre 1942, p. 8, 10; "The Permanent Signifiance of the Catholic Church for Protestantism", Protestant Digest, février-mars 1941, p.25; "The Word of Religion to the People of This Time" The Protestant,avril-mai 1942 (The Protestant Era, p. 185, 188.
* "Tillich challenges the Protestantism", The Protestant, février-mars 1942, p. 3.
* "Our Protestant Principles", The Protestant, août-septembre 1942, p. 9.
* "Tillich challenges the Protestantism", The Protestant, février-mars 1942, p. 3.
* "Our Protestant Principles", The Protestant, août-septembre 1942, p. 14.
* Je dis "les Églises catholiques", parce que le mot "catholique" s'applique pour Tillich à l'église romaine, à l'Église anglicane et aux Églises orthodoxes d'Orient. Cf. "The Permanent Signifiance of the Catholic Church for Protestantism", Protestant Digest, février-mars 1941, p. 26.
* "Our Protestant Principles", The Protestant, août-septembre 1942, p. 11. Ce thème domine dans l'article "The Word of Religion to the People of This Time" The Protestant,avril-mai 1942 (The Protestant Era (p. 186-188).
* "A Basic Policy for The Protestant", The Protestant, avril-mai 1942, p. 19; cf. "The Permanent Signifiance of the Catholic Church for Protestantism", Protestant Digest, février-mars 1941, p. 28.
* "Our Protestant Principles", The Protestant, août-septembre 1942, p. 12-13. Cf. "Religion and Education", Protestant Digest, avril-mai 1941, p. 59, 61; "The Permanent Signifiance of the Catholic Church for Protestantism", Protestant Digest, février-mars 1941, p. 27.
* "Religion and Education", Protestant Digest, avril-mai 1941, p. 60-61.
* "A Basic Policy for The Protestant", The Protestant, avril-mai 1942, p. 19; "Religion and Education", Protestant Digest, avril-mai 1941, p. 58-61; cf. "Flight to Atheism", The Shaking of the Foundations, (sous le titre "The Escape from God"), p. 45-46.
* "The Word of Religion to the People of This Time" The Protestant,avril-mai 1942 (The Protestant Era, p. 188, 191. Cf. "Spiritual Problems of Postward Reconstruction" (1942) in Theology of Peace, p. 63.
* Voir My Travel Diary, Harper, 1970.
* "Protestant Principles", The Protestant, avril-mai 1942, p. 19.
* "The Permanent Signifiance of the Catholic Church for Protestantism", Protestant Digest, février-mars 1941, p.26. Dans "Our Disintegrating Word" (1941), MainWorks Hauptwerke, v.2, p.163, il laisse entendre que le mouvement œcuménique, s'il avait commencé plus tôt, aurait pu lutter contre la désintégration qu'expriment la montée du nazisme et la guerre.
* W. et M. Pauck, Paul Tillich. His Life and Thought. vol.1, Life, p. 194-195.
* ouverture qui va jusqu’à ceux qu’on considère et se considèrent comme athées, ce que montrent quelques passages de "Flight to Atheism", The Shaking of the Foundations, (sous le titre "The Escape from God"), p. 42, 45. Cf. "Spiritual Problems of Postward Reconstruction" (1942), Theology of Peace, p.7 1.
* "Tillich challenges the Protestantism", The Protestant, février-mars 1942, p. 2.
* "The Word of Religion to the People of This Time" The Protestant, avril-mai 1942 (The Protestant Era, p. 189.
* Cf. mon article "L'idée de religion dans la pensée de Schweitzer", Etudes schweitzériennes, n°4, 1993.
* Voir le titre du beau livre de L. Gagnebin sur Monod, Christianisme spirituel et christianisme social, Labor et fides.
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