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Présentation d’Albert Schweitzer

 

1. Une destinée exceptionnelle

Albert Schweitzer est à la fois célèbre et peu connu. Souvent on le mentionne, on l’admire et on le donne en exemple. Pourtant, on ne sait en général pas grand chose de ses idées, et de sa vie on ne retient que quelques images d’Epinal. Nous allons d’abord évoquer l’homme qu’il fut, avant de parler de certains aspects de sa pensée.

Quelques repères biographiques

Albert Schweitzer est né dans une famille pastorale alsacienne en 1875. Il fait des études en théologie, en philosophie et en musicologie à Strasbourg, Paris et Berlin. En 1902, il est nommé enseignant à la Faculté de théologie protestante de Strasbourg ; il poursuit en même temps une carrière d’organiste.

En 1905, il entreprend des études de médecine. En 1913, il part comme médecin au Gabon, où il crée de toutes pièces un hôpital. Ressortissant allemand, on le met sur surveillance à partir de 1914 ; en 1917, on le conduit en France pour l’interner. En 1919, il est nommé pasteur à la paroisse Saint Nicolas de Strasbourg. Il entreprend des tournées de conférences et de concerts pour payer les dettes contractées pendant la guerre pour l’hôpital de Lambaréné. Il prépare en même temps la publication de plusieurs livres (sur l’apôtre Paul et sur la civilisation moderne).

En 1929, il retourne à Lambaréné et y recrée son hôpital. Sa vie se partage ensuite entre des séjours en Afrique et des tournées en Europe ou en Amérique pour faire connaître son œuvre et se procurer les fonds nécessaires à son fonctionnement. En 1951, il est élu à l’Académie des Sciences morales et politiques; en 1952, il reçoit le Prix Nobel de la Paix. Il meurt en 1965, à l’âge de 90 ans à Lambaréné.

Travail et originalité.

Dans tous les domaines qu’il a abordés, l’œuvre de Schweitzer naît d’un travail acharné. Il rogne sur son sommeil, profite des moindres instants pour écrire (par exemple du temps passé dans des salles d’attente de gare entre deux trains). Il ne prend jamais de vacances et il lutte constamment contre la fatigue qui l’accable. Quand il traite un sujet, il consulte l’ensemble des études qui en parlent. On raconte qu’on amenait des livres chez lui par brouettes. Il ne connaît pas la facilité. Tout ce qu’il a fait lui a demandé de gros efforts, et résulte d’un labeur intense.

Les réflexions et réalisations de Schweitzer témoignent d’une grande originalité unie à beaucoup de bon sens. Il sort des sentiers battus et ouvre des perspectives nouvelles. Il a le don de voir et de dire des choses très simples, mais méconnues. Ainsi, ses travaux sur Bach font date parce qu’il montre, ce que l’on avait oublié, qu’il s’agit d’une musique d’Eglise, liée à la célébration du culte et à la liturgie. Quand il étudie les évangiles, il découvre ce que tout le monde avait perdu de vue et qui paraît aujourd’hui évident : l’importance centrale de l’eschatologie (c’est à dire de l’attente de la fin de ce monde et de la venue du Royaume); dans ce domaine également, ses ouvrages, auxquels on se réfère toujours, marquent un tournant. Aux philosophes, il rappelle l’importance de l’éthique. À ses yeux, le penseur a pour mission d’éclairer et d’aider les gens et non de s’amuser à des virtuosités intellectuelles sans conséquences concrètes.

Ténacité et combats.

Toute la vie de Schweitzer a été un combat qu’il a mené avec ténacité (certains disent avec entêtement).

Combat pour conjuguer la théorie et la pratique, les principes et l’action, l’idéalisme et le réalisme. Schweitzer ne triche pas. Il ne veut pas seulement prêcher l’évangile, mais le vivre dans le service du prochain. Quand il se lance dans l’action concrète, il ne se contente pas de demi-mesure, il va jusqu’au bout. Il trouve les forces et les moyens pour mener à bien des projets apparemment utopiques : ainsi quand âgé de trente ans, jeune enseignant d’université, il entreprend des études pour devenir médecin (tout en continuant ses autres activités pour gagner sa vie), ou quand il décide de fonder un hôpital indépendant de tout organisme ecclésiastique ou gouvernemental. Il fait preuve de qualités d’organisation et de bon sens. Il bâtit son hôpital à l’image d’un village africain à la fois pour des raisons financières et afin que les malades ne soient pas dépaysés et choqués par un lieu trop différent de ceux dont ils ont l’habitude. Contre toutes prévisions, il arrive à faire fonctionner son hôpital grâce à l’argent que lui rapportent ses concerts et conférences, grâce aussi à l’appui d’un groupe fidèle d’amis.

Combat contre ceux, et ils furent nombreux, qui ne l’appréciaient pas. Longtemps ignoré, il a été ensuite fortement contesté. On lui a reproché son mauvais caractère (il bousculait souvent ses collaborateurs et ses colères étaient terribles). On lui a fait grief de son indépendance qui l’a conduit à travailler en solitaire, hors de toute organisation ecclésiastique ou missionnaire (il n’en aurait pas supporté les contraintes). Ses idées théologiques, peu orthodoxes, proches du protestantisme libéral, faisaient peur (la Société des Missions lui avait prêté un terrain à condition qu’il ne prêche pas). Il effarouchait parce qu’il préconisait un christianisme libre à l’égard des dogmes, mais préoccupé de fonder sur le sens de la présence agissante de Dieu (ce que Schweitzer appelle la “mystique”) une action éthique au service des êtres vivants. Plus tard, on l’a accusé de verser dans un paternalisme méprisant à l’égard des africains (dont il estimait pourtant la sagesse ancestrale) et d’être attaché à une médecine rétrograde (parce qu’économe en moyens et soucieuse de l’environnement). Dans tous les domaines (y compris en musicologie et en Nouveau Testament), les travaux de Schweitzer ont été d’abord sévèrement et presque unanimement critiqués. On a mis du temps à en découvrir la valeur et l’intérêt.

C’est seulement à la fin de sa vie que Schweitzer fut vraiment reconnu. Il atteint alors une relative célébrité (qu’il a acceptée avec un humour parfois caustique). Paradoxalement, il est plus connu et apprécié à l’étranger qu’en France.

Un message.

Dans la vie et l’œuvre de Schweitzer, on peut percevoir deux enseignements ou deux interpellations :

Premièrement, le refus de dissocier la pensée et la pratique. Schweitzer a milité pour un christianisme à la fois réfléchi et agissant. Il trouvait que la civilisation moderne négligeait trop la pensée, et que la pensée conduit nécessairement à s’engager. Une leçon que nous avons toujours besoin d’entendre dans nos Eglises comme au dehors.

Deuxièmement, un appel à ne jamais se décourager et abandonner. Nous baissons trop vite les bras, et nous croyons trop rapidement nous heurter à des impossibilités. L’exemple de Schweitzer montre qu’un individu isolé et à contre courant peut faire beaucoup. En particulier, les chrétiens sous-estiment souvent la puissance de la foi qui les habite.

 

2. Évangile et Respect de la vie

Tout le monde sait qu’Albert Schweitzer a beaucoup insisté sur “le respect de la vie”. Quel lien existe-t-il entre ce thème et la foi chrétienne ? Pour répondre à cette question, il nous faut voir d’abord comment Schweitzer comprend l’évangile. Il souligne l’originalité de l’enseignement de Jésus en le comparant à celui que l’on rencontre dans d’autres religions. On trouve parmi elles deux courants ou deux tendances qui se distinguent par le jugement porté sur le monde et l’attitude préconisée à son égard.

Le monde condamné.

La première tendance juge le monde mauvais, voire démoniaque. On n’y rencontre que méchancetés, perversions, mensonges et illusions. La vérité se trouve ailleurs, dans le domaine du spirituel, au delà et différent de celui du matériel. Le monde constitue un piège fatal : celui qui se laisse prendre par ses attraits et ses séductions court à sa perte.

Ce courant invite donc les croyants à fuir le sensible, à renoncer à toute activité mondaine, à se retirer dans la solitude ou dans un monastère pour y mener une vie d’ascèse et de contemplation. Le salut implique une rupture et un détachement. On nie la valeur de la vie et de la réalité ordinaires. Cette première manière de voir les choses domine dans les sectes platoniciennes et gnostiques de l’Antiquité, dans le brahmanisme et le bouddhisme.

Le monde sacralisé.

La seconde tendance, loin de rejeter le monde, le sacralise en y voyant l’émanation ou l’expression de la volonté divine. Selon elle, tout vient de Dieu ; rien n’arrive sans qu’il l’ait décidé. Par conséquent, il faut considérer comme bon et nécessaire ce qui existe et ce qui se produit. Refuser l’ordre des choses ou le cours des événements, vouloir les modifier revient à se révolter contre la volonté divine.

Le fidèle s’efforce donc, en toutes circonstances, de se mettre en harmonie avec ce qui est, de l’accepter, même quand il ne comprend pas, même quand il lui semble qu’il s’agit d’un mal. Le salut consiste ici à se soumettre et à se conformer à la réalité. On a, dira Schweitzer, une affirmation non éthique de valeur du monde (“non éthique” parce qu'elle ne distingue pas le bien et le mal : l’un et l’autre manifestent la volonté et la vérité divines). Des thèmes de ce genre sont très forts dans le stoïcisme, l’hindouisme, le confucianisme.

Un monde transformé et renouvelé

Quand on ouvre les évangiles, on constate que Jésus ne prêche pas le refus du monde et la fuite dans le spirituel. Il n’appelle pas non plus à une soumission qui accepte le monde tel qu’il est. Il annonce que Dieu est en train d’opérer ou va opérer un changement. Selon une parole d’Esaïe, reprise par l’Apocalypse, Dieu fait toutes choses nouvelles.

À la logique statique des religions, l’évangile oppose donc une vision dynamique, centrée sur la venue du Royaume, c’est à dire sur une transformation profonde de la réalité. Cette transformation, Jésus en a parlé dans langage de son temps, en utilisant les catégories de pensée de l’époque. Il l’a décrite comme une catastrophe apocalyptique qui mettrait fin à l’univers actuel et qui ferait surgir une terre et des cieux nouveaux. Il ne saurait évidemment être question pour nous de reprendre ces fantasmagories apocalyptiques que l’évolution des connaissances a rendu périmées. Par contre, nous devons garder la vision dynamique qui a été ainsi exprimée, celle d’un Dieu agissant (et en particulier agissant en nous et par nous) pour changer les choses. L’évangile affirme la valeur du monde, mais il le fait de manière éthique. Il ne nous invite pas à accepter le monde tel qu’il est ni à le fuir, mais à le transformer. Il ne préconise ni la résignation ni l’évasion, il appelle à l’espérance et à l’action.

Le respect de la vie

En défendant ce principe, Schweitzer ne tombe nullement dans la naïveté qu’on lui a parfois attribuée. Il a une très vive conscience de l’ambigüité de la vie. Elle est à la fois merveilleuse et démoniaque, précieuse et cruelle, souhaitable et redoutable. Elle a un lien étroit avec la mort (la vie de chaque être implique la mort de beaucoup d’autres). La respecter ne signifie nullement adopter une attitude passive et abstentionniste ; il s’agit de lutter contre ce qui la menace, la détériore, la gâte, de travailler à son développement afin qu’en elle le positif l’emporte sur le négatif. Schweitzer n’ignore pas que l’application concrète du principe du “respect de la vie” soulève souvent des problèmes difficiles. Il a voulu non pas définir une solution pour tous les cas, mais indiquer une orientation générale, poser une référence qui puisse inspirer nos comportements.

Entre le message de Jésus et le principe du respect de la vie, il existe une étroite correspondance. En effet, les courants religieux qui condamnent le monde jugent la vie méprisable; ils la considèrent comme un malheur et une déchéance et non comme un bien à cultiver et à entretenir. Les tendances religieuses qui estiment que la réalité reflète la volonté de Dieu sont amenées à accepter et à justifier la mort, la souffrance, la misère, et le malheur; elles ne préoccupent pas de lutter contre les forces négatives qui agressent et abîment l’existence puisque, pour elles, ces forces viennent aussi de Dieu.

Par contre, l’évangile suscite un véritable respect et un authentique service de la vie. Il ne méprise pas ni ne rejette le monde que Dieu aime, qui est destiné au salut, et appelé à une transformation. Il ne sanctifie pas la part de mal et de mort qu’il comporte, puisqu’il veut changer les choses, vaincre, ou, en tout cas faire reculer, les forces négatives. Ne pas s’évader dans un au-delà spirituel, ne pas accepter l’état actuel du monde, mais travailler à la transformation de la réalité pour diminuer l’écart, voire l’opposition entre ce qui est et ce qui devrait être, voilà ce que signifie respecter la vie, et cela correspond exactement à ce que nous demande le Christ.

 

3. L’avenir du christianisme

L’échec des Églises

Dans les années 20, Schweitzer a le sentiment que les Églises ne parviennent plus à remplir leur mission et à témoigner de l’évangile. Leur incapacité vient certes de ce que les temps et les mentalités ont changé; elle tient, aussi, à leurs défaillances et à leurs déviations. Elles ont accordé plus d’importance aux dogmes et aux sacrements qu’à la mystique et à l’éthique. Elles se sont laissées absorber par des questions internes et ont oublié les problèmes majeurs de l’humanité. Surtout, elles se sont révélées impuissantes à agir dans le monde et à transformer les êtres humains. La première guerre mondiale, qui a opposé des nations à majorité chrétienne, montre bien que les Églises n’ont pas su donner au message évangélique la force et l’impact qu’il devrait avoir. Elles n’ont pas su imposer la paix ; parfois elles ont servi ou favorisé des desseins belliqueux. Parce qu’il a échoué, le christianisme officiel et institutionnel devient un obstacle à l’évangile. Jésus perd sa crédibilité parce que les foules le voient à travers les Eglises. Du coup, elles n’entendent plus son message.

Dire l’évangile autrement

Dans cette situation, que faire ? Pour proclamer le message évangélique aujourd’hui, pour le rendre vivant et agissant dans notre monde, on ne peut plus compter sur le canal des Églises, trop déconsidérées ni utiliser le vocabulaire religieux traditionnel auquel les gens sont devenus allergiques ou qu’ils ne comprennent plus. Si on veut que l’enseignement de Jésus soit entendu, on doit le traduire dans un langage laïque. On ne peut plus en démontrer la pertinence en faisant appel à l’autorité d’une révélation surnaturelle ; il faut s’appuyer sur la raison et chercher à convaincre l’intelligence. Schweitzer veut provoquer un retour à la religion et aux valeurs évangéliques authentiques par le moyen de la pensée.

Penser signifie ne pas se contenter de vivre au jour, en se laissant conduire ou emporter par les événements, mais peser et apprécier ce que l’on fait, réfléchir sur soi-même et sur les autres, méditer pour donner une orientation à son existence. Cette attitude ne peut que conduire à la religion. “Le christianisme, écrit Schweitzer, a besoin de la pensée...je dois à la pensée d’être resté fidèle à la religion”.

Ces thèmes de Schweitzer n’ont guère rencontré d’audience. Ils s’opposent trop aux pentes et aux modes de l’époque. Entre les deux guerres, sous l’influence de Barth, les courants dominants dans les Églises renoncent à l’apologétique qui essaie de persuader ; ils prêchent la soumission à une parole transcendante. Dans la culture, on a tendance à disqualifier la pensée, jugée inutile et gênante, au profit de la technique. On écarte et on élimine la réflexion par un mode de vie où les distractions absorbent le temps que le travail laisse libre. Dans sa Philosophie de la culture, Schweitzer appelle l’occidental à faire le point sur sa civilisation, à prendre conscience de ses manques et défauts, et à réagir. Se situer à contre courant loin de le décourager, l’incite au contraire à se mobiliser et à lutter.

La théologie libérale de Schweitzer.

Revenir à la religion par la pensée : ce projet de Schweitzer repose sur deux convictions fondamentales qui définissent son “libéralisme théologique”.

D’abord que le message de Jésus a plus d’importance que sa personne. On peut donc transmettre ce message et annoncer la substance de l’évangile sans le mentionner explicitement. Les vrais croyants ne sont pas ceux qui crient à tout bout de champ “Seigneur, Seigneur”, mais ceux qui font ce qu’il dit de faire. Jésus ne s’est pas annoncé lui-même, il a prêché le Royaume.

Ensuite que le message de Jésus a une valeur spirituelle et logique telle qu’il peut s'imposer par sa seule puissance de conviction, sans s’appuyer sur une autorité surnaturelle. Ce message, en effet, rencontre une vérité que nous portons en nous. En lisant le Nouveau Testament, nous recevons de l’extérieur un enseignement qui rejoint quelque chose que nous portons à l’intérieur. Pendant longtemps, on est allé de l’extérieur à l’intérieur. La prédication de l’évangile vise à éveiller une vérité enfouie en nous. Aujourd’hui, à cause du discrédit des Églises, il faut prendre le chemin inverse, et aller de l’intérieur à l’extérieur. Il appartient à la pensée de faire redécouvrir la valeur et l’importance uniques de l’évangile.

Pour une foi mystique, éthique, et non dogmatique

Schweitzer souligne souvent que nous savons peu de choses. Nous avons, certes, des connaissances, mais les vérités dernières, les raisons ultimes, les réalités suprêmes échappent à notre science. Nous n’avons aucun moyen pour les atteindre. En philosophie, Schweitzer, marqué par Kant, estime que nous ne nous pouvons pas dépasser les apparences, les “phénomènes”, et parvenir aux “noumènes” (aux choses telles quelles sont en elles-mêmes). En théologie, il estime que l’étude sérieuse de la Bible dément et détruit les doctrines traditionnelles, et qu’elle ne permet pas d’en construire d’autres. Nous sommes entourés d’incertitudes et de mystères. Il nous faut accepter nos ignorances ou, plus exactement, les limites de notre savoir humain.

L’essentiel pour la vie humaine ne réside pas dans le savoir, mais dans la réflexion, la volonté et l’action. En philosophie, il faut se détourner de la métaphysique et se préoccuper de l’éthique. En théologie, il faut laisser de côté les spéculations dogmatiques et cultiver la vie chrétienne. Il s’agit de donner sens et élan à notre existence sans prétendre connaître les secrets de l’Etre. Schweitzer se refuse, par exemple à définir Dieu. Est-il une trinité de personnes ou une puissance impersonnelle ? Personne ne peut répondre à ces questions, mais le croyant éprouve Dieu comme “un torrent qui l’emporte” comme une force qui agit en lui, et qui l’oblige à agir. De même, Schweitzer ne se prononce pas sur l’être de Jésus : est-il simplement un très grand prophète ou faut-il voir en lui un Dieu-homme réunissant en sa personne la nature humaine et la divine ? Comment le savoir ? Toutes les théories que l’on a proposées sont des spéculations gratuites, des imaginations sans fondement. Par contre, Schweitzer sait bien que Jésus est l’inspirateur de sa vie, celui qui anime et soutient son action, celui qui l’ a conduit là où il ne pensait pas aller.

La foi chrétienne est une éthique (un engagement au service de la vie), fondée sur une mystique (l’expérience de la puissance divine), et non une dogmatique (une théorie sur la nature de Dieu et de l’être humain).

 

André Gounelle
Le Cep, 1991

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André Gounelle

Professeur émérite de la faculté de théologie protestante de Montpellier

Webmaster : Marc Pernot