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Troisième Partie
La grâce et la foi

 

Introduction
Le principe matériel de la réforme

Dans l'épître aux Ephésiens*, l'apôtre Paul écrit : "vous êtes sauvés par la grâce, par le moyen de la foi, cela ne vient pas de vous, c'est le don de Dieu". L'épître aux Romains affirme : "L'homme est justifié par la foi, sans les œuvres de la loi"*. Dans ces deux phrases, les Réformes luthérienne, réformée, anglicane, et radicale ont vu l'affirmation centrale du Nouveau Testament et du christianisme. Elles soulignent unanimement le caractère essentiel, capital et décisif du salut gratuit (ou justification par grâce).

Dans les Articles de Smalkalde, rédigés en 1537 en vue de négociations avec Rome, Luther écrit : "Sur cet article, aucune concession n'est admissible; on ne peut pas s'en écarter, le ciel et la terre dussent-ils crouler ... c'est là sur cet article que repose tout ce qui fait notre vie et tout ce que nous enseignons"*. Il ajoute que si l'on cède sur cet article, si on le laisse altérer, tout est perdu. Dans son Commentaires aux Galates de 1538, il déclare : "tous les articles de notre foi y sont contenus, s'il est préservé, tous les autres le sont aussi"*. Zwingli affirme que le salut par grâce est "la source et le cœur de l'Évangile", et Calvin y voit "le principal article de la religion chrétienne"*. Au dix-septième siècle, les théologiens protestants disent que la justification gratuite est l'articulus fondamentalissimus (le plus fondamental), l'articulus stantis aut cadentis Ecclesiae (l'article qui fait qu'il y a ou qu'il n'y a pas Église, l'article qui décide si on est chrétien ou non).

On pourrait multiplier les citations qui montrent que les principaux Réformateurs et, à leur suite, les protestants reconnaissent dans la justification gratuite "la doctrine de toutes les doctrines", selon une expression d'Ebeling, celle qui domine et commande tout le reste. Il ne s'agit pas pour eux d'un élément du christianisme à côté d'autres, elle est le christianisme lui-même, ce qui le définit. Elle n'est pas un aspect de l'évangile; elle en est le contenu, la substance, l'essence. Elle n'est pas, écrit Ebeling, "un objet de la foi, mais ... la réalité même de la foi"*. Elle a encore plus d'importance que l'autorité de la Bible. Le principe scripturaire dit comment l'évangile nous parvient, sous quelle forme, de quelle manière. La justification gratuite dit ce qu'est l'évangile, ce en quoi il consiste.

La troisième partie de ce cours porte sur la "justification gratuite". Elle comprendra quatre chapitres et une conclusion. L'apôtre Paul écrit "vous êtes sauvés par grâce, par le moyen de la foi". Le chapitre 6 s'arrêtera sur le mot "foi", et définira la signification que lui donne la Réforme. Le chapitre 7 expliquera le "vous êtes sauvés par grâce". Le chapitre 8 traitera de la relation entre justification et sanctification, autrement dit entre le salut et la vie chrétienne ou entre la foi et les œuvres. Le chapitre 9 examinera les critiques adressées à l'affirmation de la justification gratuite, telle que la comprennent les Réformateurs et les réponses que les protestants ont donnés à ces critiques. Cette troisième partie se terminera par une conclusion sur la destinée de ce principe dans l'histoire du protestantisme et sur son actualité.

André Gounelle

Notes :

* Ch. 2, v. 8.

* Ch.3, v. 28.

* M. Luther, Oeuvres,  v.7, p. 228.

* M. Luther, Oeuvres,  v.15, p. 287.

* J. Calvin, Institution de la religion chrétienne, 3.11.1. Cf. P. Mélanchthon, Apologie de la Confession d'Augsbourg, in La foi des Eglises luthériennes, p. 107.

* L'essence de la foi chrétienne, p. 172.

 

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André Gounelle

Professeur émérite de la faculté de théologie protestante de Montpellier

Webmaster : Marc Pernot